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Débat 2009 : Décentralisation, une chorégraphie en chantier

Acte I, Acte II... L’histoire contemporaine de la décentralisation emprunte les mots de l’écriture scénique pour se donner à lire. S’agit-il d’une facilité journalistique qui tente d’ordonner les réformes successives ? Le lien établi avec la scénographie signifie peut-être davantage. En empruntant à l’écriture de l’espace théâtral, les auteurs — politiques, chercheurs ou experts — configurent un espace public territorial en trompe l’œil et tentent d’en régler la temporalité au rythme des changements de décor et de lumière. Pour filer la métaphore, les scénographes ont fait le choix d’une représentation « à l’italienne » : celle qui impose une frontière entre spectateurs et acteurs. Pourquoi ? Parce que la décentralisation est une affaire complexe. Son champ lexical est celui des enchevêtrements, des blocs, du cloisonnement, des redondances, du mille-feuilles, des financements croisés, des doublons, des superpositions, de la surcharge des compétences et ... du « milieu du gué ». Rien qui ne permette de faire salle comble. Oui, mais ici et là dans la salle, des bruits se font entendre, des résistances à l’intrigue imposée se font sentir. La lassitude peut aussi étreindre celui qui a payé sa place et entend en avoir pour son argent... surtout lorsque le prix du billet augmente. Arrêtons-là la métaphore. Elle pourrait conduire à la facilité bien qu’elle laisse entrevoir qu’il est peut-être temps d’arrêter de jouer et de regarder ce qui se passe dans la salle et « hors-scène ». Faut-il espérer que le débat qui s’amorce sur la réforme de la carte territoriale constitue la dernière réplique d’une pièce qui traîne en longueur, le « Deus ex machina » forçant à accomplir ce qui ne l’a pas été dans les actes précédents ? Le contexte de la crise financière mondiale pourrait pousser paradoxalement à la confiance. Le temps du réel semble avoir repris la main sur celui du virtuel, les règles sur le jeu, le passage à l’acte sur les habitudes, l’intérêt général sur les intérêts particuliers. Effet d’optique, illusion... ou pas ! Les pages qui suivent développent les « scénarii du possible et du souhaitable » pour la période 2009-2012 en les confrontant aux nombreux rapports et analyses parus depuis 2006, sur la décentralisation et la réforme de l’État. Le choix a été fait de retenir les points essentiels qui devront (devraient) articuler le débat amorcé et promis à développements en 2009. L’Institut de la Décentralisation — et la revue Pouvoirs Locaux — sont le creuset de propositions pour une « nouvelle décentralisation », des propositions mûries, raturées parfois (et c’est bon signe), confirmées et argumentées. C’est à partir d’elles que les repères du débat promis sont ici abordés.